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Regards critiques sur le comportement de la Suisse durant la Seconde Guerre Mondiale.

Avant-Propos du Webmaster


Ce qui suit ne reflète pas forcément les vues du Webmaster. C'est un son de cloche parmi d'autres.

Dès le printemps 1941, la campagne des Balkans puis la campagne de l'URSS éloignent la menace des frontières suisses. Pour la Suisse, cet élargissement du conflit représente un soulagement. Mais les problèmes à gérer sont néanmoins nombreux.

Les rapports économiques avec l'Allemagne. Il y a quelques années encore, on considérait que la résistance armée du pays avait été déterminante pour éviter à la Suisse d'être envahie. Aujourd'hui, on peut affirmer que nos relations économiques avec l'Allemagne, en particulier en ce qui concerne les transactions en or effectuées avec la Banque Nationale, ont largement contribué à la préservation de notre intégrité territoriale. Dès 1940, l'Allemagne et l'Italie sont les principaux destinataires des exportations suisses. On estime que 60% de l'industrie d'armement, 50% de l'industrie d'optique et 40% de l'industrie des machines travaillent pour le Reich. Il s'agit de matériel de pointe que les Allemands peuvent difficilement trouver ailleurs.

De même, la ligne ferroviaire du Gothard revêt une importance primordiale, car elle relie les deux capitales Rome et Berlin. Elle voit augmenter considérablement le transit Nord-Sud.

Ce commerce avec l'Allemagne était nécessaire pour obtenir le charbon, le fer, les huiles ou les semences dont la Suisse avait besoin. Il a enrichi des banques et des industries. Pour Berne, mais aussi pour les syndicats, il est essentiel que l'économie tourne ; les considérations éthiques n'ont que peu de place dans ce raisonnement. La Banque Nationale Suisse (BNS) achète pour 1,7 milliards de francs-or (souvent pillé aux pays victimes du Reich) d'or à la Reichsbank allemande. Selon le rapport de la commission Bergier, la BNS savait en 1941 déjà que la Reichsbank lui fournissait de l'or volé.

Là aussi, l'esprit « business as usual » prédomine. Les francs suisses, principal moyen de paiement international dès 1940, ainsi obtenus permettent à l'Allemagne d'acheter des matières premières indispensables à la poursuite de la guerre. Plus grave encore, des dents ou des bagues saisies aux victimes des camps de concentration sont fondues en lingots qui figurent parmi ceux achetés par la BNS. 120 kilos d'or provenant des victimes des camps de concentration ont atterri à la BNS. Mais selon la commission Bergier, rien n'indique qu'on ait eu la connaissance de la provenance de cet or.

Il est aussi admis que de nombreux cadres nazis placent de l'or, des bijoux, des titres boursiers et d'autres valeurs dans des banques en Suisse, protégées par le secret bancaire.

Finalement, des filiales d'entreprises suisses en Allemagne (Alusuisse, Maggi...) acceptent de la main d'oeuvre soumise au travail forcé (prisonniers, déportés...). D'autres recherches ont mis en évidence les rachats par des sociétés suisses d'entreprises expropriées aux juifs allemands. C'est notamment le cas du fabricant de cigares Villiger (père de l'actuel conseiller fédéral) ou des chaussures Bally, qui achètent au moins trois fabriques pour un Reichsmark symbolique.

L'affaire des fonds juifs en déshérence achève de discréditer les banques suisses. Beaucoup de juifs tués par les nazis avaient placé leur argent en Suisse. Mais quand leurs héritiers réclament l'argent aux banques suisses après la guerre, ils obtiennent rarement satisfaction. On leur demande un certificat de décès pour le parent disparu...dans les camps de concentration! ! ! Parfois on leur répond que toute trace du compte a disparu. Or sur pression des organisations juives, les banques finissent par découvrir de nombreux « comptes dormants » dont elles avaient nié l'existence jusqu'en 1995.

Une plainte collective a ensuite été déposée à New York contre l'UBS, la SBS et le Crédit Suisse par des survivants de l'holocauste. En août 1998, avocats et banques ont conclu un arrangement financier ($ 1.25 milliards) pour dédommager ces survivants. Le rapport final de la commission Volcker, en décembre 1999, a identifié 54'000 comptes ouverts dans les banques suisses entre 1933 et 1945 ayant des liens possibles avec les victimes du nazisme.

Le problème des réfugiés.
En mai-juin 1940, des milliers de soldats français, marocains et polonais qui fuient l'invasion allemande trouvent refuge en Suisse le long du Jura. De 1940 à 1945, la Suisse reçoit plus de 200'000 réfugiés qui sont internés dans des camps et astreints à des travaux (agriculture, construction...) En revanche, les réfugiés juifs qui sont interceptés à la frontière sont en majeure partie refoulés et trouveront la mort dans des chambres à gaz. Dès avril 1933, un arrêté du Conseil fédéral affirme que « les Israélites ne doivent pas être jugés comme réfugiés politiques ».

En septembre 1938, c'est la Suisse qui demande à l'Allemagne de faire apposer un tampon distinctif « J » sur les passeports des Juifs allemands et autrichiens qui se précipitent en Suisse après l'Anschluss et la Nuit de Cristal. Jusqu'en août 1942, ceux qui se présentent aux poste-frontière suisses sont en partie admis, en partie refoulés.

Ceux qui parviennent à entrer clandestinement sont souvent sauvés. Mais le 13 août 1942, une circulaire du DFJP annonce la fermeture des frontières. Les réfugiés ayant fui pour raisons raciales ne sont pas considérés comme réfugiés politiques. Heinrich Rothmund, chef de la division fédérale de police, estime que « la barque est pleine ». Cette mesure reste largement en vigueur jusqu'en juillet 1944, date à laquelle Berne accepte d'accueillir tous les réfugiés civils dont la vie et l'intégrité corporelle sont menacés. C'est une reconnaissance implicite des Juifs comme réfugiés.

Mais à cette date, il ne reste alors pratiquement plus de Juifs menacés aux alentours de la Suisse... Selon le rapport Bergier, publié en décembre 1999, au moins 24'000 réfugiés, dont une large majorité de Juifs, ont été refoulés durant la guerre. Le chiffre est probablement plus élevé en raison des nombreux dossiers détruits depuis la guerre.

La dureté des autorités de l'époque est motivée par le refus de croire au pire. Pourtant Berne est informé fin 1941 sur les massacres de Juifs à l'Est. A fin 1942, l'existence des camps de la mort ne fait plus de doute, mais le Conseil fédéral ne change pas de politique au nom de la « raison ». La plupart des cantons font savoir, entre 1942 et 1943, qu'ils ne sont pas disposés à accueillir de nouveaux réfugiés.

L'antisémitisme latent est largement répandu dans les milieux dirigeants suisses et ceci dès le début du XXè siècle. Une bonne partie de la classe politique estime que les Juifs sont « difficiles à assimiler » et menacent d' « enjuiver » la Suisse (H. Rothmund). La politique suisse à l'égard des Juifs peut aujourd'hui être qualifiée de honteuse. Les frais de séjour des 29'000 Juifs acceptés ou tolérés en Suisse entre 1933 et 1945 (21'000 pour la période de guerre) sont facturés à la communauté israélite suisse.

C'est un lourd fardeau pour une communauté de moins de 20'000 personnes. Il faudra attendre 1995 pour que le Conseil fédéral présente des excuses officielles au peuple juif.

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